#uneimageuntexte est un challenge amateur permettant aux auteurs en herbe d’écrire leurs propres petites histoires.
Le principe est simple : une image choisie et postée par le maître du challenge sert d’inspiration aux participants qui imaginent une histoire de 2000 mots maximum dans le style, le genre et l’esthétisme de leur choix. Tout est possible, la seule limite étant l’imagination !
À la fin du challenge, le maître choisi parmi les textes participants celui qu’il préfère personnellement et déclare son auteur vainqueur.
Le vainqueur devient le nouveau maître du challenge et choisi, à son tour, une image de son choix qui servira d’inspiration pour le challenge suivant.
L'image de ce 4ème volet est de Peeknpoke, voici :
¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Vous connaissez ce sentiment de plénitude ressenti à l’heure vespérale, où la lumière, encore timide, transforme le ciel en une aube à la douceur d’un velours de pêche… Vous connaissez cet état de profonde paix lorsque les nuages se colorent en une multitude de camaïeux lumineux… N’est-ce pas ?
Cette contrée de Magenuit ne connait rien de tel : Les aubes, les jours, les nuits sont de la même couleur : Cendre. Cendre comme la gueule d’un four froid, les tréfonds des terres brûlées, les déjections d’un dragon de feu, l’esprit malade des décérébrés, ou Cendre comme le désespoir.
Ici, pas de chant d’oiseau, de babilles cristallins de ruisseau… Pas de brise fraîche qui éclaircit l’esprit… Rien qu’une terre aride qui s’étend à perte de vue, offrant à cette vision un océan de vagues de rocaille grisâtre fronçant la terre comme autant de grimaces démoniaques.
Cela fait trois semaines que je piétine cette contrée désolée et mon esprit d’ordinaire enjoué commence à s’assombrir. Il est près de midi mais le ciel est gris tout comme la terre dont il effleure l’horizon maussade. Il m’arrive parfois, depuis mon séjour à Magenuit, de perdre complètement la mémoire, comme si elle s’effaçait dans une brume « d’Oblivion ».
Comme en cet instant : Que fais-je ici ? Où dois-je me rendre ?
Machinalement, j’ouvre mon havresac et y cherche un indice, une réponse… Ma main trouve un parchemin froissé. Je le déroule et peux y lire :
« Tilbardaga, mon amie,
J’ai grand besoin de tes soins car je me meurs. D’urgence, peux-tu te rendre à la tour des Mages de Magenuit, sise en sa Capitale, Neversun ? Aucun portail de téléportation, hélas, ne peut-être invoqué… Cette terre a été dépouillée de sa magie. Tous les mages de Neversun se meurent par une malédiction dont je t’expliquerai la nature de vive voix.
Viens-vite, s’il te plait, ma vie en dépend.
Archéo
Ps : Ne viens pas seule, il y a de grands dangers… »
Il a joint une image de la tour...
Oui… Tout me revient. La missive d’Archéo.
Le départ précipité vers Magenuit. Ma propre missive envoyée en toute hâte à Peeknpoke, qui doit me rejoindre à Neversun ; car écoutant le conseil d’Archéo, j’ai jugé bon de trouver un soutien musclé auprès de mon ami Barbare. Mon bâton de soins n’est pas une réelle protection en cas de besoin… Alors que sa hache, elle, taille en pièce toute tentative de menace.
Traînant le pas, je me remets en route, direction Sud Est, où se trouve Neversun.
Je devrais y arriver dans la soirée.
Ofildutemps, la déesse des itinérants, m’a bien guidée : L’après-midi était à peine passée que je vois déjà se dessiner, fière et arrogante, la Tour des Mages de Neversun, dressée sur un ciel menaçant. Un frisson glace mon dos… En regardant la tour, un sentiment de menace vient refroidir mon courage. Je n’avais aucune envie de l’atteindre… Mais mon ami m’y attend. Enfin, j’espère qu’il m’y attend toujours et que rien de fatal ne lui soit arrivé.
Aux portes de la ville grandes ouvertes, aucun garde ne s’y tient. Un silence mortel borde les ruelles… Aucun marchand, aucun passant, même pas un mendiant.
La ville entière semble déserte… Mais lorsque je tends l’oreille plus attentivement, il me semble entendre des gémissements à travers les portes fermées des habitations. Oui… Des pleurs, des plaintes…Et des bribes de mots.
Lors de mon départ, un voyageur m’a indiquée une auberge où passer la nuit à Neversun. Elle se trouverait au Nord Est de la ville. Je m’y dirige, fatiguée et affamée par cette longue route désolante.
Elle ne fut pas difficile à trouver : Petite, sombre et dans le coin d’une ruelle, elle n’était ni éclairée ni bruyante, contrairement à toute auberge qui se respecte. Celle-ci semblait, à l’instar du reste de la ville, en agonie.
Je pousse la porte et trouve une salle presque vide, seulement animée par quelques clients moroses.
L’aubergiste, un homme d’une petite taille s’adresse à moi d’une voix fatiguée :
« Que viens-tu faire dans cette ville, étrangère ? Ne vois-tu pas qu’elle est maudite ? »
Avec un air que je veux détachée, je lui explique le but de ma visite : Une malédiction, un ami malade, un danger imminent.
« Le danger, l’amie, n’est pas imminent. Il est déjà là. » Me répondit l’aubergiste.
Devant mon air interrogateur, il continue :
« Notre Archimage est devenu fou. Les enfants de notre cité disparaissent les uns après les autres et il ne fait rien pour enquêter, nous protéger… » Il se penche un peu plus vers moi et murmure : « On dit même que ces disparitions sont de son fait ! »
« Tu me vois surprise, l’aubergiste… J’ai pu connaître Maitre Yann, l’Archimage de votre cité avant même qu’il ne soit à ce poste. C’est un homme sage et compatissant…Es-tu sûr de ce que tu avances ? »
L’aubergiste me dévisagea… et au bout d’un moment silencieux, son expression changea : de méfiant, il devint impressionné.
« Vous… Vous êtes Tilbardaga, la grande soigneuse de Sa Majesté ! Comment ne vous ai-je pas reconnue plus tôt ? Pardonnez-moi, Ma Dame, je… si j’avais su que c’était vous, je vous aurais réservée un autre accueil ! » Et contre toute attente, il tomba à genoux : « Je sous en supplie, Ma Dame, sauvez-nous ! »
C’est à ce moment précis que la porte de l’auberge s’ouvre avec fracas et une voix tonitruante vint faire vibrer les toiles d’araignée :
« TILBARDAGA ! Dans mes bras ! »
Mon ami Peeknpoke occultant l’encadrement de la porte, sa hache à travers son épaule, criait à tue-tête.
« Dans mes bras, dans mes bras, voyons, pas trop de familiarités devant des inconnus » pensais-je… Mais le Barbare ne l’entendait pas de cette façon et c’est une seconde après que je me trouve soulevée à quelques mètres du sol, les pieds balayant le vide, presque étouffée dans les bras puissants de mon ami.
C’est alors que j’entendis une voix fluette venir occuper l’espace sonore tout d’un coup bien saturée :
« Tu crois pouvoir jouer sans moi, dis ? »
Ce fut avec une surprise mêlée de grande joie que je vis, à la suite de Peeknpoke, Imtase. Ah, ce cher demi-elfe au caractère toujours égal… Mais surtout, aux doigts de fée : Aucune serrure ne lui résiste.
L’aubergiste se releva alors, ravi :
« Vous ne serez pas trop de trois héros pour cette affaire obscure… Allez, c’est ma tournée ! Je viens de brasser un savoureux hydromel ! »
A ces mots, Peeknpoke s’attabla prestement et bruyamment… Peeknpoke est aussi bruyant qu’Imtase, silencieux. Je suis heureuse d’avoir de si bons compagnons tout en complémentarité… Et commence à donner raison à l’aubergiste : Nous ne serons en effet, pas trop de trois… Je pressens de sombres ennemis en ces lieux désertés par la lumière.
Malgré ma fatigue, je ne souhaite pas trop m’attarder : Mon intuition m’indique qu’Archéo est au plus mal… Aucun atermoiement n’est plus possible.
La Tour des mages est devant nous. Aucune issue visible, comme toutes les tours de mages… L’entrée est magique.
J’avais prévu un parchemin de sort de révélation que je n’eus même pas le temps de sortir lorsqu’une voix empressée interrompit mon geste :
« Par là, venez, venez vite ! »
Un jeune mage apprenti se tint à la base Sud de la tour, comme sortie directement des murs.
Mon instinct mais surtout mon empressement m’incitèrent à la confiance. Nous nous précipitâmes vers notre « guide » providentiel. « Qu’Ofildutemps veille sur ses itinérants » priais-je silencieusement en espérant ne pas rencontrer de traitrise.
Le contour lumineux d’un minuscule passage se dessine suivant le doigt du mage, et sous l’œil perplexe de Peeknpoke qui se demande, à juste titre, s’il allait pouvoir passer par cette étroite embrasure sans y rester bloqué à jamais.
Mais la porte magique s’adapta à toutes les tailles et notre ami Barbare n’eut aucun mal à y faire glisser son grand corps de géant.
Notre silencieux guide filait droit devant, son pas feutré mais rapide trahissait une certaine nervosité. Tout en marchant, il nous explique que son Maître, Archéo, est mourant… Nous devons faire vite.
Ce n’est qu’au bout de quelques minutes d’explication que la voix de Peeknpoke vint résonner sur les tunnels sombres que nous empruntons :
« Mais… Il parle… sans parler ! Il parle dans ma tête ! »
« Oui, de la télépathie, mon ami…Pour rester discret… » lui expliquais-je.
« Je n’aime pas la sorcellerie » Marmonna le Barbare.
Nous quittons enfin les interminables tunnels par une porte dont je n’avais pas soupçonné l’existence jusqu’à ce que notre guide s’arrête devant. Elle s’ouvre sur une petite chambre de mage apprenti, austère et sombre.
Dans un coin, un lit.
« Archéo ? »
Une faible voix gémit mon nom en guise de réponse.
Je me précipite auprès de lui et retire la pauvre couverture usée. Mon ami amaigri était l’ombre de lui-même et ses yeux d’ordinaire si brillants étaient voilés par les prémices de la mort.
Ma main posée sur son cœur détecte une sombre magie qui le grignote de l’intérieur. Mais cette vicieuse a en face d’elle Tilbardaga, la Grande Prêtresse, la Soigneuse Royale, la Grande Dame de l’Ecaille Sacrée. J'invoque toute ma volonté et ma concentration pour chasser cette magie destructrice de chaque cellule d’Archéo… Et me mis en transe, sachant que Peeknpoke et Imtase montaient la garde.
Je me laisse glisser à l’intérieur du corps astral puis physique d’Archéo, traquant chaque trace du sort que j'identifie comme nécromancie. Ce fut plus grave que je ne l’imaginais… Il a fallu puiser mon énergie magique dans sa totalité pour le sauver.
Lorsque je sortis épuisée de ma transe, le visage à nouveau rose et frais de mon ami me rassura.
Une petite potion de restauration que j’avais préparée à son intention et le voilà hors de tout danger… Et je comptais aussi sur la force mentale exceptionnelle d’Archéo pour finir cette « convalescence forcée ».
Effectivement, il ne lui a pas fallu 15 minutes pour sauter sur ses pieds, l’oeil brillant, et nous expliquer d’un trait :
« L’Archimage ! Il a été possédé par un démon qui sacrifie tous les enfants de la ville pour pouvoir pénétrer et s’incarner dans notre plan, en puisant dans leur force vitale ! Et il aspire toute la magie alentours pour se prémunir d’une attaque des mages résistants ! S’il arrive à s’incarner, ce sera le début d’un règne de sang et de mort pour notre monde ! Il faut l’en empêcher ! » Archéo s’agrippa à mon bras comme un noyé à sa bouée, la respiration accélérée, le regard exorbité.
« Attends, Archéo… quel est ce démon ? Est-ce un… »
« Un Démon Majeur. Oui, mon amie. Un démon Majeur. »
Mes jambes se dérobèrent. Comment espère t-il vaincre un Démon Majeur avec notre maigre équipe ? Même si Peeknpoke est un valeureux guerrier, si Imtase ne rate jamais une cible, comment pourraient-ils à eux deux, vaincre ce qu’une armée entière ne pourrait venir à bout ?
Archéo devina mes inquiétudes… Il devint subitement plus calme, comme si il avait retrouvé toute sa sérénité de mage.
« Je sais, ce se ne sera pas facile. Mais nous avons un avantage… Je connais son Nom. »
Une petite lueur d’espoir s’illumina dans un coin de mon mental… Effectivement, si Archéo connait le Nom Véritable du Démon, alors, il pourrait en prendre le contrôle. Mais pour cela, et je le sais pour avoir eu ma formation d’incantation d’invocation, il lui faut un puissant cristal spécifique : Le Quartz Aurora, ayant assez d’énergie vibrationnel pour contenir le Démon.
Je l’interroge du regard…
« Le seul Quartz Aurora » à notre proximité se trouve dans la salle d’incantation. M’indiqua l’apprenti d’Archéo, toujours par télépathie.
Je vois le problème. C’est avec le plus de clarté possible que j’expose mes plans à mes compagnons :
« Le Quartz Aurora se trouve dans le même endroit où se tient le Démon et les Mages à sa solde qui effectuent le rituel de sacrifice.
Peeknpoke, tu vas faire diversion : Tu attaqueras de front le Démon lui-même en essayant de t’esquiver sans porter trop d’attaque, pour gagner du temps. Cela permettra Imtase de subtiliser le cristal. Dès que le cristal sera en notre possession, Archéo commencera alors son incantation pour Nommer le Démon. Dès qu’il sera nommé, il ne pourra que lui obéir. »
« Simplissime ! » Déclara Peeknpoke.
« Pas si simple que ça. » Continua Archéo : « Le Quartz est bien gardé dans un coffre scellé. Il faut des doigts agiles pour le crocheter et une grande concentration pour lever le sort de blocage…
Et dès que le Démon ou ses sbires vont s’apercevoir que Imtase y « travaille », ils vont tout faire pour l’en empêcher. Puis, si on obtient le cristal, il me faut beaucoup de temps pour faire l’incantation… Là encore, le Démon tentera l’impossible pour m’en empêcher. Il vous faudra me défendre pendant ma concentration… Quant à Tibardaga, tu dois nous garder tous en vie. »
Le sens des réalités d’Archéo plongea tout le monde dans une grande perplexité…
Sauf Peeknpoke. Impatient et fougueux, il martelait le manche de son arme : « Bon, on attends quoi ?? On y va ?? »
Devant la ferveur sans faille de notre guerrier Barbare, nous ne pouvions que répondre en chœur :
« Oui. Allons-y. »
P.S : Eh oui… Ô frustration ennemie… Il faudra attendre le prochain épisode pour en savoir le fin mot de l’histoire, celle-ci avait pour seul but d’illustrer l’image de Peeknpoke !
MERCI d'avoir lu mes élucubrations "héroic fantasy" pour cette belle image qui m'a tant inspirée ! Et Merci pour la participation du Barbare Peeknpoke, de l'elfe Imtase, du mage Archéo et de la déesse Ofildutemps, ainsi que l'Archimage Yann... Même si son rôle était vraiment secondaire, puisqu'il s'est fait possédé par le Démon....