Bonjour à tous !
Je continue d'aller dénicher de vieux poèmes pour vous les servir ici. Pour dire un petit mot d'introduction à propos de celui qui suit : il s'agit très certainement d'un travail un peu trop "précieux", que j'ai du faire après avoir lu beaucoup de René Char. Bien sûr, n'est pas René Char qui veut, et l'hermétisme de ce poème le rend un peu maladroit, même si justement, dans une tentative d'ironie, je me moque de ma propre préciosité ("Réciproquement, la lumière sourde des yeux d'un prétentieux poète a l'air d'une inconséquente gaminerie").
D'ici peu, j'en proposerai une version 2.0 ; plus ou moins allégée, qui correspondrait plus à mon goût actuel.
Bonne lecture à vous.
Déboucher à l'heure grandiose
Vin suave et sale dans une pénombre sous les pins
Liberté bien ouverte aux dorures de cinabre...
Et des tombes mal fermées, et des solitudes en spirale,
Décorent les murs de la maison familiale
Où le dernier né traîne, d'un pas de fantôme, géant peu gênant.
Il n'y a pas lieu de précipiter la fin des petits bonheurs presque sordides auxquels s'accrochent des faisans graissés d'indifférence, de peur.
Réciproquement, la lumière sourde des yeux d'un prétentieux poète a l'air d'une inconséquente gaminerie.
Alors que tout le monde méprise et juge, se grandissant d'une fausse hauteur gagnée à coup de crachats, ne pas se joindre au bal populaire, c'est y sourire malgré tout pour y graver une ligne de fuite. S'en détourner avec un rictus, de ce lieu-saccage du spirituel, c'est l'encercler d'une clôture au nom d'une sotte préciosité similaire au dégoût qu'on a parfois pour un insecte. Nous n'avons le droit de nous détourner ni du supplice du vers de terre, ni de la lente disparition de l'aigle. Poussant entre les extrêmes, à l'extrême équilibre, un or poétique, petite fente, est offert pour la graine-arbre qui est notre bien le plus précieux. Potentiel à respecter, à honorer d'une véritable présence, poursuivie jusqu'au bout, coûte que coûte.
Réussir à sourire sincèrement alors qu'on allait pleurer : un rayon de lumière se lève et réchauffe le regard qui se détourne des lamentations égotiques pour se diriger vers une rude escalade (la colonne vertébrale est une échelle) faite sans cordage.
Seul jusqu'au prochain repli de roche où l'on pourra se reposer ensemble.
Laisser courir l'araignée le long de sa vie brève sur un corps de marbre agrandi de toutes les distances du monde, qui, curieusement, tiennent dans un œil.