S'il y a bien une chose qui différencie l’humain de l’animal, c’est sans aucun doute sa capacité à penser.
Pour ce faire nous utilisons des mots auxquels nous associons des idées et des sens. Les mots ont donc une fonction primordiale pour l’humanité, ils nous servent de base à la constructions de nos réflexions.
Ainsi les sens que l’on attribue à la langue diffèrent selon les individus mais sont aussi manipulable, par exemple via les synonymes. En effet nous ne pensons pas de manière similaire une chose désigné par un mot valorisant ou par un synonyme dévalorisant.
Prenons un exemple : Une personne trébuche et se casse la gueule, il est alors possible de le définir comme un « accident » ce qui aura pour conséquence de minimiser la responsabilité de la personne dans sa chute, ou bien de qualifier cette dernière de « maladroite » et d’ainsi associer l’événement à une faute de sa part.
La même situation est ainsi attribué à une cause interne ou externe à l’individu, nous pouvons donc constater l’influence de l’utilisation d’un mot plutôt qu’un autre, en l’occurrence « accident » ou « maladroit ».
Nous utilisons donc pas les mots au hasard, que ce soit de manière consciente ou non.
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L’écrivain George Orwell avait bien comprit l’importance des mots et leurs accorda une place bien particulière dans son roman d’anticipation « 1984 », nous mettant en garde contre l’utilisation du langage à des fins d’aliénations.
credit : Le roman 1984
En effet, dans ce livre l’auteur nous décrit une société totalitaire dans laquelle la dictature à atteint un point tel que c’est la liberté même de penser qui y est rendu impossible. En effet, une langue fictive nommé novlangue se met en place dans cet univers dystopique, cette langue à la particularité de posséder le moins de mots possible.
Car moins l’on connaît de mots, moins l’on connaît de concepts et moins l’on est capable de réfléchir de manière critique, étant condamné à ne penser que par affects et se voyant dans l’impossibilité de conceptualiser toutes critiques ou idées de révoltes contre l’autorité.
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Mais s’il est aisé de comprendre les aliénations de régimes totalitaires, il est plus difficile de prendre conscience des nôtres.
Les sociologues Eve Chiapello et Luc Boltanski ont réfléchis dans leur ouvrage « Le nouvel esprit du capitalisme » à la raison pour laquelle nous acceptions le capitalisme alors que nous en constatons les dégâts quotidiennement.
Pour mener leurs recherches ils ont décidés de chercher la doctrine du capitalisme dans 90 ouvrages de management des années 1960 et d’aujourd’hui. Ils ont ensuite utilisés un ordinateur et scannés quels étaient les mots les plus utilisés durant les 2 époques.
Le mot revenant le plus souvent dans 90 ouvrages de management des années 1960 est le mot « hiérarchie ». Ce qui semble logique dans une organisation du travail où les moyens de production sont détenus par un nombre restreint d’individus.
Mais ce qui est plus étonnant, et le plus inquiétant, c’est que le mot « hiérarchie » n’est plus du tout présent dans les ouvrages de management d’aujourd’hui. Pourtant la hiérarchie n’a pas disparut des entreprises, bien au contraire, mais si l’on ne peut plus la nommer ainsi, alors il devient également plus difficile de la penser.
Et tandis que le mot « hiérarchie » à disparut, un autre mot l’a remplacé, il s’agit du mot « projet ». Mot que l’on entend énormément aujourd’hui et qui contrairement à « hiérarchie » à une connotation positive.
source image
Ce genre de langue de bois parsème la communication politique, il nous faut donc être malin et ne pas tomber dans les pièges des manipulations de langages.
Et de ce fait travailler notre esprit critique, aiguiser notre réflexion.
Crédit texte : Moi.
Article parut aussi dans le journal lycéen "Électron Libre"